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l'atelier romanesque
29 mars 2012

Démesure

J’ai embrassé le lointain.

Allais-je admirer ce dont tout homme espère :- un peu de fantaisies, de sarcasmes, un rien de folies? N’avais-je, au fond, rien d’autre à perdre que d’espérer ce jour du départ? Il me fallait affronter, mettre à l’épreuve. Je devais déguerpir!

Je suis donc parti au loin conquérir l’homme renaissant. Cette quête des Orients, ce fantasme des a prioris.

xxx

Je me souviens : perdu sur une île aux larges de Taïwan, je venais de m’assoupir près d’un récif. L’aube achevant m’y forçait, apportant avec elle aventures et explorations. J’étais assis, éperdu! Au loin se devinait le continent chinois, ses folies, ses attentes; et, tout autour, des arômes d‘épices venait doucement caresser mon visage. Tout près de moi, dans une palette de couleurs sombres, l’océan se donnait à moi comme une sœur qui m’aurait bientôt soulagé de mes peines. Je l’admirais se remuer dans son lent va-et-vient, et j’épiais chacun de ses gondolements.

Après quelques instants, une petite barque m’est apparue au milieu des déchets, faite d’un bois pourri. Cette épave me semblait alors comme une apparition de l’infini, l’espérance de toutes les possibilités. Ne pourrais-je pas ainsi atteindre aussi bien Singapour que Sydney; voguer ailleurs, partout, sans fin?

Je levai alors une à une mes craintes et mes faiblesses et j’accourus vers l’Océan, éperdu, ivre de joie. L’haleine ne me suffisait déjà plus : j’enlevais mes bottes et tous mes habits, avant de me jeter à l’eau. Mes bras se sont alors agités, et tout mon corps tendait vers le bateau comme un arc convulsé. Je devais l’atteindre, le palper. Ah! Se sentir dans un pays étranger en homme libre. Se savoir si près du but.

Une fois monté à bord, entre deux bouffés d’air frais –je me souviens encore de l’odeur infecte et putride de l’eau-, je me suis allongé au fond de la barque, à mon aise. Couché, j’admirais le ciel se dégrader progressivement en différentes teintes de bleus, avant que la journée ne s’assombrisse sous une nuée d’étoiles. La nuit se dénudait alors et me recouvrait de son voile.

Je ne me sentais plus en Chine, ni même sur terre : j’enlaçais l’espace d’un seul regard. J’étais ici et partout à la fois. J’aurais pu me mettre à voler, à peindre par-delà les cieux; j’aurais pu me percher sur cette lune qui me dévisageait, pour y accrocher photos et souvenirs. Je me sentais danser, virevolter, prendre forme devant ce spectacle féérique.

L’essentiel de ce voyage venait de se réaliser : vivre, pleinement vivre l’existence en ressentant pleinement un pur moment.

Puis la Chine ultramoderne s’est peu à peu matérialisée. Elle m’est soudainement réapparue. Et, revenu à moi, je reprenais conscience des immeubles et du bruit environnant, des avions qui me survolaient, aussi bien que du froid qui me tiraillait. L’existence fourmillait de vie, sans moi, malgré moi. Il me fallait regagner la côte, et laisser voguer ce bateau qui m’hébergea l’espace d’une nuit. The show must go on, comme on dit.

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Commentaires
L
j'ai aime lire ce texte, mieu que l'autre en dessou ca ma fait rire un peu je sais pas si l'humour etait voulu... belle subtilitee <br /> <br /> c'est bien ecrit j'aimerais bien lire la suite
D
Beau texte continue Hugo, j'aime lire tes textes,j'apprends à te connaître à travers eux...
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  • En tant qu'atelier littéraire virtuel, ou lieu de diverses expérimentations, ce blog est le moyen de parfaire mon style littéraire; je ferai jongler les mots. L'objectif viscéral, presque charnel, est de mener à l'écriture de mon roman. Bienvenue!
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